La contamination par les nitrates des eaux est en premier lieu une problématique environnementale liée à l’agriculture. Des teneurs élevées en nitrates dans les eaux souterraines révèlent un usage excessif d’engrais et par conséquent des apports trop élevés par rapport aux besoins des plantes. En raison du délai de transit depuis la surface des sols jusqu’aux nappes souterraines, même en respectant les bonnes pratiques agricoles, l’augmentation de la teneur en nitrates se poursuit quand même sur plusieurs dizaines d’années.
La réglementation impose des teneurs maximales en nitrates dans l’eau du robinet, celles-ci doivent être obligatoirement inférieures à 50mg/l pour les adultes et inférieures à 10mg/l pour les nourrissons. Ces limites règlementaires sont cependant élevées dans le cadre d’une consommation régulière d’eau du robinet. Par ailleurs, si aucun dépassement ne peut être toléré en matière de contamination microbiologique dans l’eau du robinet, compte tenu des risques à court terme pour les consommateurs, des dépassements de la limite de qualité encadrés par des dérogations, peuvent être en revanche acceptés pour les nitrates, et sont courantes dans les bassins de vie agricoles. La durée de ces dérogations est limitée dans le temps mais peut durer jusqu’à trois ans et est éventuellement renouvelable deux fois.
Certaines sources, comme celle de Velleminfroy, ne contiennent pas de nitrates, ce qui atteste de la haute préservation environnementale de sa source et du bassin de vie qui l’entoure, et ce, depuis des dizaines d’années.
Est-ce que les nitrates sont dangereux ? Les molécules de nitrates en tant que telles ne sont pas nocives pour la santé, ils ont en fait mauvaise réputation pour leur capacité à se transformer en nitrites, qui eux présentent de nombreux risques.
Une fois ingérés, environ 20% des nitrates peuvent être réduits en nitrites par les bactéries présentes dans la bouche, mais aussi l’intestin grêle et le côlon. Ces derniers ont plusieurs actions délétères. Les nitrites oxydent l’hémoglobine et forme de la méthémoglobine qui en grande quantité réduit l’oxygénation des cellules, qui peut se manifester par une cyanose, coloration bleutée de la peau et des muqueuses, et provoquer l’asphyxie et la mort. Les nourrissons de moins de trois mois sont les plus exposés à ce risque en raison de leur tendance à développer des infections gastro-intestinales. Il ne faut pas oublier par ailleurs que les glandes mammaires sont des filtres imparfaits qui laissent passer de très nombreuses substances dans le lait maternel, c’est pourquoi il leur est conseillé, ainsi qu’aux femmes enceintes, de consommer lorsqu’elles le peuvent une eau exempte de nitrates.
Par ailleurs, dans l’estomac les nitrites peuvent générer à la suite de divers mécanismes des nitrosamines. Ces molécules hautement réactives provoquent des lésions de l’ADN, causent des mutations et peuvent engendrer des cancers. Pour faire simple, plus on consomme de nitrates, plus l’organisme générera des nitrites qui à leur tour sont susceptibles de former des nitrosamines. Des études ont montré que les populations qui affichent des taux élevés de cancers de l’œsophage et de l’estomac sont aussi celles chez lesquelles on retrouve des taux élevés de nitrosamines.
Dr Christian Recchia
Références :
– Droit français: arrêté du 11 janvier 2007 relatif aux limites de qualité et référence de qualité des eaux destinés à la consommation humaine mentionnés aux articles R 1321-2, R1321-3, R1321-7 et R1321-38 du Code de la Santé Publique.
– Droit européen: directive 98/93 CE relative à la qualité de l’eau destinée à l’alimentation humaine
– Vermeer I., Pachen D., Dallinga J., Kleinjans J. & van Maanen J. (1998) Volatile N-nitrosamine formation after intake of nitrate at the ADI level in combination with an amine-rich diet. Environmental Health Perspectives 106, 459-465.
– Drinking-Water Nitrate and Health—Recent Findings and Research Needs. Environ Health Perspect. 2005, 113(11): 1607–1614.
À propos du Docteur Christian Recchia
- Président du Think Tank Spinoza sur la responsabilisation et la prévention.
- Secrétaire Général du Département Prévention à Adicare (Institut du Cœur) fondé par le Pr Christian Cabrol.
- Co-président de l’Institut de la Prévivance.
De part sa formation en médecine et en agroalimentaire, le Docteur Christian Recchia se dédie depuis maintenant 40 ans à l’innovation en agroalimentaire et à la prévention en matière de santé sur le terrain auprès d’établissements scolaires et d’universités. Il a également enseigné les stratégies de prévention à HEC et Centrale Paris.
Il considère que pour notre liberté nationale, la maîtrise et la protection du savoir-faire agricole est aussi importante que la maîtrise en matière de défense nationale. Dès 1985, en précurseur, il mène une expertise des filières animales et végétales – renouvelée régulièrement – afin d’innover et de construire de nouveaux modèles d’organisations fondés sur la transparence, la qualité et la santé.